Il y a…

Ce frisson de moi
Quand tes yeux imprécis
M’ont suivi sans me voir
Reconnus entre tous
Ma pudeur et mes signes.

Ce moment sanglot
Où j’aime être de toi
Ne plus être à quiconque
Aimer ce geste-là
De mes lèvres à ton front.

Ces larmes égarées
Dont la source est tarie
Tant le désert est mien
Et mon cœur minéral
Et ma raison barbare.

Cette main sauvage
Qui se ferme qui s’ouvre
Mais bat sans ta mesure
Car j’ai perdu l’usage
Et j’empoigne et je souffre.

Ces instants muets
Et plus rien ne préfère
Que j’ai trop adoré :
Loin des mots abouchés
Tout silence est mortel.

Hiver 1982.